Imaginales 2016 : "Vampires et Loups-garous..."

Vampires et Loups-garous : quand le héros a les crocs


J'y suis allée "because I could"* et parce que y'avait Jeanne-A Debats, même si je craignais que ça soit un peu une redite de l'an dernier. Au final, j'ai passé un très bon moment, je ne regrette absolument pas, et j'ai même pris le tome 1 d'Alice Crane, de N.M. Zimmermann, tant j'ai trouvé sympa l'intervention de l'autrice. De même, ça m'a décidée à acquérir le tome 1 de Louis de Galoup, de Marcastel, depuis le temps que je le croise sans rien lui acheter...

De gauche à droite : JAD, HVG, VL, NMZ et JLM, dans le décor (toujours magnifique) du Magic Mirror.

Intervenants : Jeanne-A Debats (L'Héritière et Alouettes), H.V. Gavriel*** (série Les loups de Riverdance), N.M. Zimmermann*** (série Alice Crane) et Jean-Luc Marcastel (série Louis le Galoup).
Débat animé par Valérie Lawson.

Une fois de plus, disclaimer, blabla, cf CR précédents ^^ Et vous trouverez ici un extrait vidéo (merci ActuSF), en attendant qu'ils mettent en ligne le podcast de la conférence. J'ajoute qu'avec la structure de ma retranscription, je fais "parler" les auteurs, mais ce ne sont pas forcément leurs propos exacts.

La première question posée, cf l'intitulé de la conf, est le rapport du personnage à la faim :

JAD : Navarre aime avoir faim et a peur d'être rassasié.
JLM : Louis a faim de vivre mais que va-t-il faire de cette faim ? S'il goûte à la chair humaine, il vire à l'animalité.
NMZ : (Alice Crane est une médecin légiste qui a "perdu" un cadavre, lequel s'avère être un vampire). Le vampire n'a pas faim que de sang. Plusieurs questions se posent : du sang humain ou non ? des victimes volontaires ou non ? Par ailleurs, mes vampires ont une organisation, diplomatique, qui leur interdit de se nourrir d'humains.
HVG : Mes personnages n'ont faim qu'à l'heure des repas, ce n'est pas une motivation pour eux.
JAD : Le monstre est en chacun de nous, mais les vampires ont le pouvoir de faire pire. Sauf que les humains sont plus nombreux et mieux armés, et les vampires sont "coincés" à leur époque, ce qui les rend moins efficaces. Il y a une opposition entre le désir de vivre du vampire face à celui des humains (un peu comme dans un couple : quelles limites on donne à l'autre et à soi-même, jusqu'où on peut l'emmerder). 
JLM : Mes loups ne sont pas féroces mais cherchent l'amour, un foyer, des racines pour fonder quelque chose.
NMZ : Un vampire boit du sang, sinon, ce n'est pas un vampire [pas tout à fait d'accord, perso, j'étendrais ça à l'énergie vitale dans son ensemble]. Il y a sinon la problématique de la vie en communauté et les questions politiques.

VL : L'humain n'est-il pas le vrai monstre ?

JLM : C'est à la mode de dire que l'humain est mauvais, qu'il va détruire la planète. Nous sommes le prédateur ultime.
HVG : Mes personnages vivent cachés, se méfient des humains, ne sont pas des prédateurs [ça me choque un peu, pour des garous], restent entre créatures surnaturelles.
JAD : L'humain n'est pas fondamentalement méchant, mais il est fondamentalement en troupeau. Ceux du haut du pavé traitent leurs congénères comme une ressource et ont une vision à court terme. Ce n'est pas de la méchanceté mais de la bêtise [comme je partage cette opinion !]. Les vrais monstres sont ceux qui savent où ils vont et s'en foutent. Mais rares sont les gens assez lucides pour ça.

VL : Les personnages en questions  peuvent-ils être bienveillants ?

JLM : Oui, un galoup a le choix entre sa part humaine (son poil deviendra blanc) et sa part animale (son poil deviendra noir), cette dernière s'il mange de la chair humaine.
JAD : Quel est l'avantage de choisir l'animal ?
JLM : L'autre devient alors un objet, ce qui donne un sentiment de supériorité.

VL : La faim est-elle un pouvoir ou une malédiction ?

HVG : Ni l'un ni l'autre, les personnages ont des choix à faire. Mes vampires ont besoin de sang mais cherchent des volontaires.

VL : Les vampires ne mangent que du sang tous les jours ?

JLM : Peuvent-ils manger du boudin ? [le sang de porc déshydraté, c'est pratique aussi, même si c'est pas bon****]
NMZ : Mon chien mange des croquettes tous les jours et il ne s'en plaint pas ! Mais à quel point est-ce un choix ? Est-ce une maladie, une déviance à corriger ? Les vampires sont-ils des créatures à part, avec des droits ?
JAD : Je n'ai pas envisagé que Navarre ne puisse pas boire et manger [de la nourriture normale], même si ça ne le nourrit pas.
HVG : Certains de mes personnages mangent de la salade etc. parce qu'ils aiment le goût.

VL : Est-ce que les pouvoirs valent la peine d'être un vampire ou un garou ?

JAD : La récompense, c'est la longévité [quoique ça ne soit pas l'avis de Géraud, mais ce n'est ni un vampire, ni un garou]. Sauf que ça a tendance à rendre gaga [le fameux "Angst" de certains vampires ^^]. C'est pour ça que Navarre regarde son nombril, fait la fête et se pose aussi peu de questions que possible.
HVG : Mes garous ne vivent pas beaucoup plus longtemps que les humains. Les vampires, oui, mais ils mentent beaucoup. Les espèces se connaissent assez peu entre elles, donc on ne sait pas tout. Pour mes personnages, ce n'est pas une récompense, c'est ce qu'ils sont. Et Lucas, qui n'est ni vampire ni garou, choisit de ne pas utiliser ses pouvoirs par peur de devenir un monstre sinon.

VL : La mortalité des vampires est-elle quelque chose de récent ? N'était-on pas moins confronté à ça dans des oeuvres plus anciennes ?

NMZ : Ils ont été plus humanisés, moins monstres, plus sexy. On peut comparer à Un vampire ordinaire, de Suzy McKee Charnas où le personnage-titre hiberne périodiquement et oublie ses vies passées. Ou à Le Premier, de Nadia Coste [lu et approuvé !].
JAD : Stoker, dans Dracula, décrit une métaphore de l'"invasion" de l'Angleterre par les étrangers, mais il ne se rend pas compte qu'il crée une icône sexuée (puisque l'étranger est un sauvage, il est très sexualisé, cf l'imagerie coloniale). 
JLM : C'était déjà le cas avec Carmilla [celle de Le Fanu, pas la mienne ;)], très sexuée et même lesbienne.
JAD : Le vampire transgresse tout, y compris les genres.
JLM : Il y a aussi Plus noir que vous ne pensez, de Jack Williamson, où on retrouve des idées de pureté de la race chez les garous.

VL : Est-ce que ces persos sont épris de liberté ?

JLM : Etre un animal est simple : ses problématiques sont bien plus simples que celles d'un humain, et c'est ce qui tente Louis.
NZM : Mon héroïne est sous pression car c'est un génie et tout le monde attend beaucoup de sa part. Elle a préféré devenir médecin légiste parce que c'est moins de pression, mais elle est capable de plus. La question devient "faut-il utiliser ses pouvoirs pour le bien ou choisir la "sécurité" de ne plus en avoir ?".
JAD : C'est comme la parabole des Talents [la version qu'elle a cité était différente de celle du wiki : le premier les fait fructifier, le second les dépense, le dernier les enterre ; seul le dernier se fait punir] : on a le droit de les développer ou de les dilapider mais pas de les ignorer ou de ne pas les utiliser.

VL : Est-ce difficile de gérer ses pouvoirs et sa nature ?

HVG : Lucas ne se rappelle pas bien de ce qu'il est ni de ce qu'il peut faire mais il reste libre, en marge de la meute. Léo, c'est "où s'arrête ma liberté individuelle ? où commencent mes devoirs envers la meute ?"

VL : Tous vos vampires sont-ils des alphas ? [sauf erreur de ma part, la question a bien été formulée ainsi]

JLM : Louis et Malemort [le méchant ^^] sont des alphas. Toute la problématique, c'est de découvrir toutes les facettes de son pouvoir et de gérer les responsabilités qui vont avec. Malemort a d'abord nié sa nature animale et cherché à être parfait ; quand il a craqué, il est devenu un fléau.
NMZ : Est-ce que Stephenie Meyer a tué le vampire ? Est-ce qu'on peut encore faire évoluer le concept de vampire ?
JAD : Vers 2011-2012, Georges Takei a incité les fans de Star Trek et les fans de Star Wars à s'unir contre les fans de Twoilettes***** "pour le bien de la galaxie".
HVG : Les auteurs de demain auront à réinventer les mythes et aller plus loin que Twoilettes.
JLM : Les vampires élèveront les humains de telle ou telle manière pour profiter du goût (ça marche réellement pour les épices, paraît-il).





* : comprendre : j'avais rien de mieux à faire.**

** : et puis j'ai pensé que je pouvais toujours enrichir ainsi ma culture lycantropesque, ce qui pourrait me servir pour la suite de CQVDSV ^^

*** : j'aime pas les auteurs qui n'ont  pas de prénom, ça oblige à les appeler par leur nom, c'est trop formel :(  

**** : j'ai pas eu l'occasion de goûter, mais c'est ce que pense Carmilla ^^

***** : oui, je l'écris toujours comme ça. J'ai tout lu et à qq détails près, c'est quand même pas terrible.

Commentaires

  1. C'est peut-être juste une impression, mais HVG donne l'impression de débarquer de La petite maison dans la prairie... non ? o_O
    Par contre, les interventions de JAD sont extras. Elle relève clairement le niveau, au passage...

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    Réponses
    1. JAD est géniale ^^
      HVG, j'aurais pas dit ça, mais je pense qu'elle est dans la bit-lit "classique" et donc qu'elle sort assez peu des clichés du genre (en même temps, j'ai pas lu ce qu'elle a fait... mais ça me tente pas ^^).

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